David Clarinval, Ministre Belge, recommande via un post sur X sa lecture d’été dite polémique, en l’occurrence, Transmania, écrit à deux plumes par Dora Moutot et Marguerite Stern. Le sous-titre indique le programme : « Enquête sur les dérives de l’idéologie transgenre ». Le mouvement trans est donc explicitement mis en cause dès la couverture, on y parlera de “dérives”, on disséquera une “idéologie”, on se dit avoir enquêté, ce qui présage un travail de fond conduit avec discrétion, méthode, infiltration et imprégnation diffuse. L’illustration d’une main ferme enserrant le manche d’un drapeau, l’affirmation d’un camp, d’une identité, d’un peuple, tout y est pour faire bouillir la cafetière des esprits, d’autant que notre Ministre appuie sur l’urgence de lire ce livre, ce qui, implicitement, induit une forme de péril.
Le baroudeur d’État fait donc l’objet de vives critiques pour ces quelques caractères de sympathie à l’égard d’un ouvrage : Le Soir, RTL Info, tout y passe pour le clouer au pilori et inscrire son nom au monument de la honte par le ministère non élu de la pensée autorisée, où plutôt du contrôle des esprits, piloté par les idéologues de tout bord qui ont aujourd’hui pignon sur rue et leurs ronds de serviette dans tous les médias. Pourquoi ? Parce qu’ils font vendre tout simplement. Comme ce type de sujet est clivant, car il entre dans la sphère la plus intime des personnes, ils stimulent les instincts, positivement comme négativement. Ils sont donc la garantie de générer de l’émotion, de l’adhésion comme du rejet, et donc, de l’implication et de l’impact par ces stimuli.
Ils sont donc la garantie de générer de l’émotion, de l’adhésion comme du rejet, et donc, de l’implication et de l’impact par ces stimuli.
Rappelons que ce livre ne se refile pas sous le manteau, il est autorisé, vendu sur toutes les plateformes, il ne contient donc rien de répréhensible au sens de la loi en l’état actuel des choses et si des personnes se sentent offensées par ce qu’il contient (les mêmes l’étaient déjà par anticipation lors de l’annonce de sa publication à venir), elles n’ignorent pas que les voies de recours sont nombreuses. Une pensée, cela se combat par l’argumentaire et, pour les plus infâmes, par la législation, les cours et les tribunaux, mais certainement pas par l’interdiction implicite de dire ou de penser, c’est proprement insupportable !
Que penserait Voltaire, prêt à se battre pour que les idées contraires aux siennes aient le droit de cité. Aujourd’hui, tout le monde joue les vierges effarouchées pour interdire au plus grand nombre d’avoir un avis divergent à l’égard des nouveaux dogmes. Cela renvoie à l’inquisition et aux heures les plus sombres de l’histoire. C’est le retour de la loi du plus fort, de celui ou celle qui crie, gueule ou braille le plus puissamment son idéologie pour l’imposer à la masse, ainsi effrayée de provoquer son déclassement social ou médiatique par l’affirmation d’un inconfort à l’égard des forces dominantes (des activistes) issues des minorités les plus revendicatrices. Cela ne vous fait penser à rien ? C’est l’une des principales armes du totalitarisme.
Cet ouvrage serait dénoncé de manière unanime par les associations LGBTQIA+ pour son idéologie transphobe et les diverses théories non vérifiées qu’il véhiculerait. Peut-être par trop de vérités dévoilées ? L’affirmation d’un fait n’est pas la preuve de l’existence de ce fait, libre aux offensés de démonter ce qu’ils dénoncent par l’argumentaire. Au lieu de ça, ils se limitent à geindre au pamphlet, sans apporter du fond à l’affaire, si ce n’est de se dire « choqués ». Nous sommes entrés dans l’empire des « froissés » de toute nature, des autodafés de notoriété, sous l’impulsion de manipulés en cascade.
Pourquoi le Ministre devrait-il s’excuser de cette publication comme l’affirme Betel Mabille ? La communauté LGBTQIA+ serait donc, seule, autorisée à revendiquer et imposer sa vision du monde, réduisant ses opposants au silence ? Elle serait donc la communauté d’un seul livre, le sien, son manifeste morale pour sa cause et rien d’autre ? Est-ce cela la démocratie ? N’est-ce déjà pas le signe d’une volonté extrémiste ? Qui est l’extrême de l’autre dans cette histoire ? Ce livre, qu’il soit bon ou mauvais, ce n’est pas la question, a le mérite de mettre en lumière le point de vue d’une autre partie du peuple et de porter leur position vers la lumière.
Cela devrait être vu comme une chance, celle de comprendre ce qui suscite de l’inconfort chez les opposants dont la voix est portée par ces autrices, sans procès d’intention, afin de faire évoluer le mouvement dans une direction de recherche de concorde entre les êtres vivants plutôt que par l’imposition à un dogme, quel qu’il soit, ce qui suscite inévitablement du rejet de la part d’une populace dite « réfractaire » sur le ton de l’invective.
L’intolérance n’est pas toujours là où l’on pense.
Ces détracteurs semblent penser que les lecteurs n’ont aucune capacité de discernement, qu’ils sont des imbéciles inaptes d’une quelconque forme de pensée critique et qu’ils tomberont dans tous les panneaux éventuels. Non, je ne peux pas le tolérer, certains le liront car ils sont déjà acquis à la cause défendue, c’est un fait, et il agira immanquablement comme une délicieuse gourmandise.
D’autres pourtant, neutres, se questionnent simplement et se documentent pour comprendre en confrontant les points de vue. Ceux-là sont en droit de lire tout et son contraire afin de forger leur propre conviction et rien que pour cela, ce type d’ouvrage a le droit d’exister. D’autres encore, devraient juste le lire en raison de leur à priori désaccord avec la thèse défendue dans le but de comprendre l’opposition, et ainsi contre-argumenter ou adapter le tir en vue d’une quête d’adhésion, ce qui leur permettra d’économiser bien des outrances et énervements.
Quant au Ministre, dont le parti est dans une dynamique de colonisation de l’espace béant laissé par l’absence, en Wallonie, d’une extrême droite structurée, cette publication n’est rien d’autre qu’un magnifique coup de communication de retour aux affaires. Il est ainsi mis sous les spotlights pour pas cher et pointé du doigt par une masse d’idiots utiles qui ne représentent pas son fonds de commerce électoral et auront au moins réussi à lui faire de la publicité, ainsi que pour le livre qu’ils disent combattre dont les éditeurs n’ont rien à craindre, les ventes seront nombreuses.
Je lirai ce livre non par adhésion, mais par ignorance et curiosité, car je suis libre penseur et capable d’arbitrer mes lectures.